Scanner ses négatifs avec un appareil photo numérique

Pourquoi scanner soi-même ses négatifs ?#

Si vous pratiquez la photographie argentique, vous connaissez ce moment magique où vous récupérez vos négatifs développés et scannés au labo.

Le côté moins magique c’est souvent quand il faut payer la note du scan, ça pique un peu.

De mon côté je commençais à réfléchir à faire le développement de mes films moi-même, mais je me serais retrouvé avec des négatifs et c’est tout, donc obligé de confier le scan à un labo. J’ai considéré que pouvoir scanner moi-même mes négatifs était un prérequis pour me lancer dans le développement maison.

Les scanners dédiés coûtent cher ou n’ont pas tellement évolués ces dernières décennies. Il existe une alternative économique et donnant d’excellents résultats : scanner avec un appareil photo numérique.

Le principe#

L’idée est simple :

On éclaire le négatif par en dessous avec une source lumineuse uniforme
On le photographie avec un appareil numérique équipé d’un objectif macro
On obtient une image numérique en haute résolution
On l’inverse et la retouche sur ordinateur

C’est comme photographier le négatif, mais en faisant attention à avoir une bonne qualité !

Le matériel nécessaire#

Ce qu’il vous faut :#

📷 Un appareil photo numérique (reflex, hybride, peu importe : il nous faut un capteur)
🔍 Un objectif macro avec un rapport de grossissement 2:1 (ou des bagues sur un objectif classique je ne sais pas trop comment ça marche)
💡 Une source lumineuse (tablette lumineuse de préférence ou écran d’ordinateur, de téléphone)
📦 De quoi construire le banc de scan (voir plus bas)
🖼️ Un support pour maintenir le négatif à plat
🖥️ Un logiciel de post-traitement (Lightroom, Darktable ou autre) et donc un ordinateur hihi
🎮 (Optionnel) Une télécommande ou déclencheur à distance (pour éviter les vibrations lors de la prise de vue)

Construction du banc de scan DIY#

Plutôt que d’investir dans un banc de scan professionnel qui peut coûter 200 balles, j’ai décidé d’en fabriquer un. C’est simple, économique, et ça fonctionne très bien !

Le montage de ce banc est grandement inspiré de celui de Tom Boulet (voir sa vidéo YouTube), merci à lui pour l’inspiration.

Je mettrai à la fin des liens vers les produits que j’ai utilisés, mais n’hésitez pas à adapter selon ce que vous avez déjà sous la main…

L’objectif du banc de scan#

Il faut pouvoir :

Maintenir l’appareil photo stable , mais genre vraiment très stable, au-dessus du négatif
Avoir une distance réglable entre l’objectif et le négatif
Permettre un alignement parfait (perpendiculaire au négatif)

Les étapes de construction#

Étape 1 : La base en OSB#

Base du banc de scan en planches OSB — Des planches d’OSB assemblées pour créer une base lourde et stable

J’ai commencé par assembler plusieurs planches d’OSB (panneaux de particules orientées). Pourquoi plusieurs ? Pour avoir du poids ! Un banc léger bougerait au moindre mouvement, et on veut éviter ça.

Chez Leroy Merlin ils n’avaient qu’au maximum du 18mm d’épaisseur, donc j’ai assemblé un sandiwch de 2 planches pour faire 36mm d’épaisseur au total.

Concernant les dimensions ça s’est fait au pifomètre, mais j’ai pris 40cm x 50cm, ce qui s’avère parfait (vous verrez les photos plus bas).

L’OSB est peu cher, facile à travailler, et suffisamment lourd une fois empilé.

Ensuite j’ai créé des arronis dans les coins avec une scie sauteuse pour éviter les éclats et avoir un truc un peu plus joli. Pour ça, j’ai utilisé un objet rond (une canette de coca bien fraiche comme toi qui lis ces lignes fera très bien l’affaire).

Les coins sont arrondis à la scie sauteuse — Maman, on dirait que je vais me couper les doigts mais je posais pour la photo, machine éteinte.

Un coup de ponçage pour lisser les arrêtes et éviter les échardes à chaque manipulation et voilà la base prête !

J’en profite pour coller des patins en feutre sous la base pour ne pas rayer la table sur laquelle je vais poser le banc et aussi absorber un peu les vibrations (ça peut aider lors du scan).

On colle des patins — Des patins en feutre collés sous la base pour protéger la surface et absorber les vibrations, on se croirait chez ta grand-mère.

Étape 2 : Le pied de meuble#

Sur le dessus de la base, j’ai vissé un pied de meuble de chez Leroy Merlin, il fait 40cm de hauteur.

Entre la base et le pied, j’ai mis un tapis de coupe autoscicatrisant trouvé chez Cultura.

Son cadrillage me permettra de m’assurer que mon appareil photo est bien en face du négatif.

Vissage du pied de meuble sur la base OSB — Un simple pied de meuble vissé sur le dessus

Étape 3 : La quincaillerie de fixation#

Fixation de la Superclamp Manfrotto — La Superclamp Manfrotto fixée sur le pied pour maintenir l’appareil photo

Sur le pied de meuble, j’ai fixé une Superclamp Manfrotto. C’est un système de serrage robuste qui permet d’attacher presque n’importe quoi.

Sur cette clamp, vous pouvez :

Fixer directement un appareil photo
Réglez la hauteur en glissant la clamp le long du pied
Ajouter une rotule pour plus de flexibilité

Elle est un peu chère pour ce que sait mais c’est du solide et quand on accroche un appareil avec objectif vers le bas on est rassuré de savoir que ça ne va pas ce casser la gueule.

Alternative : Si vous n’avez pas de Superclamp, vous pouvez utiliser n’importe quel autre système de fixation (rotule, bras articulé, etc.). L’important est la stabilité.

J’ai également ajouté une rotule K&F Concept pour pouvoir ajuster l’angle de l’appareil photo si besoin.

Étape 4 : Et la lumière fut#

La sour

Le résultat#

Au final, vous obtenez un banc de scan :

Stable grâce au poids de l’OSB
Réglable en hauteur grâce au pied
Lumieux avec une tablette lumineuse
Fait maison et ça c’est la grande classe

Banc de scan DIY terminé — Le banc de scan DIY prêt à l’emploi

La technique de scan#

Installation#

Placez votre source lumineuse sur une surface plane (table, bureau)
Posez le négatif sur la source lumineuse (émulsion vers le haut)
Maintenez le négatif à plat avec un cache (verre anti-newton ou deux plaques de verre)
Positionnez le banc au-dessus du négatif
Montez l’appareil sur le banc avec l’objectif macro
Branchez le déclencheur à distance

Les réglages de l’appareil#

On passe en mode manuel pour tout contrôler :

ISO#

ISO le plus bas possible (100 ou 200)
Pourquoi ? Pour avoir le moins de bruit possible

Ouverture#

f/8 à f/11 généralement
Pourquoi ? Un bon compromis entre netteté et profondeur de champ
Trop ouvert (f/2.8) = risque de manque de netteté sur les bords
Trop fermé (f/16+) = diffraction qui réduit la netteté

Vitesse d’obturation#

Ajustez pour avoir une exposition correcte
Pas de limite de vitesse puisqu’on est sur trépied
Vérifiez l’histogramme : il ne doit pas être cramé à droite

Balance des blancs#

Personnalisée sur la source lumineuse
Ou shootez en RAW et ajustez en post-traitement

Format#

RAW impératif !
Vous aurez besoin de toute la latitude possible pour l’inversion

Mise au point#

Manuelle
Zoomez en LiveView pour faire une mise au point précise
Visez le grain du film, pas le cadre du négatif

La prise de vue#

Cadrez pour que le négatif remplisse le cadre (mais pas trop serré)
Faites la mise au point en LiveView avec zoom
Vérifiez l’alignement (le négatif doit être parallèle au capteur)
Déclenchez avec la télécommande (ou retardateur 2 secondes)
Attendez que les vibrations se dissipent avant de changer de négatif

Pro tip : Prenez une photo d’une zone vide de la source lumineuse (sans négatif). Ça servira pour corriger les variations d’éclairage en post-traitement.

Éviter les vibrations#

C’est crucial ! Chaque vibration = flou.

✅ Utilisez un déclencheur à distance (filaire, sans fil, ou app smartphone)
✅ Activez le verrouillage du miroir (mode Mup) sur les reflex
✅ Désactivez la stabilisation de l’objectif
✅ Ne touchez pas l’appareil pendant la prise de vue
✅ Travaillez sur une surface stable (pas une table bancale)

Le post-traitement#

Une fois vos négatifs photographiés, il faut les inverser et les retoucher :

Importez vos RAW dans votre logiciel préféré
Inversez les couleurs (avec Negative Lab Pro, ou manuellement)
Ajustez la balance des blancs
Corrigez l’exposition et le contraste
Recadrez si nécessaire
Exportez en JPEG ou TIFF

Astuce : Negative Lab Pro (plugin Lightroom) facilite grandement le processus d’inversion et donne d’excellents résultats.

Mes retours d’expérience#

Ce qui fonctionne bien#

👍 Qualité : Excellente avec un bon objectif macro
👍 Rapidité : Une fois l’installation faite, on peut scanner vite
👍 Coût : Beaucoup moins cher qu’un scanner dédié
👍 Flexibilité : Fonctionne pour 35mm, moyen format, même grand format

Les challenges#

🤔 Poussières : Elles se voient beaucoup ! Nettoyez bien vos négatifs
🤔 Alignement : Il faut être précis pour éviter les déformations
🤔 Éclairage uniforme : Une source lumineuse de mauvaise qualité = résultat décevant
🤔 Temps de setup : Les premières fois, ça prend du temps de tout régler

Mes erreurs de débutant#

Avoir sous-estimé l’importance de la stabilité (mes premières images étaient floues)
Avoir utilisé un éclairage non uniforme (des taches sur les scans)
Ne pas avoir fait de profil de balance des blancs (couleurs difficiles à corriger)
Avoir scanné avec de la poussière sur les négatifs (des heures de retouche…)

Conclusion#

Scanner ses négatifs avec un appareil photo numérique, c’est une solution économique, flexible et donnant d’excellents résultats. Certes, il faut un peu de bricolage et de patience au début, mais une fois le système en place, c’est vraiment satisfaisant.

Et puis, construire son propre banc de scan, c’est encore une excuse pour bricoler et toucher à tout (vous commencez à comprendre le concept du blog !).

Si vous vous lancez dans l’aventure, n’hésitez pas à partager vos propres astuces et retours d’expérience. La photographie argentique, c’est aussi une belle communauté d’entraide.

Bonnes numérisations ! 📷✨